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Le pacte vert des nouveaux chimistes

Un nouveau départ

On associe la chimie aux épaisses fumées des usines et aux rejets dans les rivières. Marier chimie et protection de l'environnement, est-ce possible? L'idée fait son chemin... et quelques petits.
On associe la chimie aux épaisses fumées des usines et aux rejets dans les rivières. Marier chimie et protection de l'environnement, est-ce possible? L'idée fait son chemin... et quelques petits.

On associe aisément la chimie aux épaisses fumées des usines, aux pesticides, aux rejets dans les rivières ou aux catastrophes écologiques. Marier chimie et protection de l'environnement, est-ce possible? Selon toute vraisemblance, l'idée fait son chemin... et quelques petits. La chimie verte est née il y a 10 ans, quand deux chimistes américains, Paul Anastas et John C. Warner, ont proposé à leurs confrères de revoir de fond en comble leurs façons de faire. L'idée : concevoir des processus et des produits conformes à la philosophie du développement durable. Dans leur livre Green Chemistry: Theory and Practice, qui a fait école, ils proposent aux chimistes de mettre au point des produits non toxiques, d'utiliser des processus et des réactifs non polluants, et de choisir des matières premières renouvelables.

Le parcours de la chimie n'avait rien, jusqu'ici, de très écolo. Longtemps cantonnée dans les sciences ésoté­riques comme l'alchimie, elle n'a acquis ses lettres de noblesse qu'avec Antoine Lavoisier, le père de la chimie, au XVIIIe siècle. Lavoisier a compris les principes de la combustion, a découvert les premières lois de conser­vation de la matière («rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme») et a posé les bases d'un système de nomenclature, l'ancêtre du tableau périodique. En moins de 200 ans, on a découvert les gaz, la composition de la matière, l'électricité, les procédés pour extraire ou souder des éléments. Les chimistes ont offert au monde industriel ce qu'il cherchait : la capacité de manipuler perpétuellement la matière pour fabriquer à peu près n'importe quoi. Avec le pétrole, ça a été l'apothéose : outre l'essence, l'industrie pétrochi­mique peut en tirer le mazout ou le diesel, des produits servant à la fabri­cation de bitume et d'asphalte, de divers plastiques, de shampooings, d'encres, de peintures, de polymères, de fibres vestimentaires, de produits de beauté et de médicaments, tous indis­pensables à notre époque.

«Aujourd'hui, le travail des chimistes est nécessaire dans tous les domaines, constate Don Thomas. Regardez autour de vous : il n'y a pas d'objet qui n'ait pas nécessité l'intervention d'un chimiste à un moment ou à un autre de sa conception. Même une table en bois à l'allure très écologique requiert des colles et des vernis savamment dosés en laboratoire.» Mais l'ère pétro­chimique a son revers : la société de consommation moderne, qui se fonde largement sur l'utilisation de pétrole et de ses dérivés, dégrade rapidement l'environnement, du fond des mers jusqu'aux confins de l'atmosphère.

Chimie, biologie et écologie sont pourtant intimement liées, rappelle le doyen de la Faculté des sciences, qui se réjouit de l'intérêt de la nouvelle génération pour la chimie verte. Faut-il s'en étonner? Les jeunes en question ont grandi à une époque qui a vu émerger les sommets de la Terre, le Protocole de Kyoto, les inquiétudes mondiales au sujet des gaz à effet de serre (GES), les campagnes de Greenpeace et d'Équiterre. Sans apporter seuls «la» solution qu'évoque Don Thomas, ces futurs diplômés feront désormais partie d'équipes multidisciplinaires à la recherche de solutions concrètes aux défis environnementaux.